visions fractales de l'univers
une fascinante
rencontre entre l'ordre et le chaos
faites
de Formes harmonieuses, étranges, et infinies...
Benoît Mandelbrot |
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Les fractales sont considérées comme des figures irrégulières, ramifiées, et
arborescentes dont la structure fait souvent intervenir la reproduction de
motifs par fractionnement.
En 1970, Benoît Mandelbrot
permit à ces figures de devenir l'objet d'une branche mathématique à part
entière. "Les nuages ne sont pas des sphères!" s'amusait à dire ce
mathématicien français.
Observons à titre d'exemple une simple pelote de laine. De loin elle nous
apparaîtra comme un point, de plus près il s'agira globalement d'une sphère.
Observée d'encore plus près, elle sera réduite à un fil, et ainsi de suite...
Cette même pelote pourra donc être perçue différemment, selon l'échelle à
laquelle on l'observera, offrant ainsi une série de nouvelles perceptions... Phénomène
que l'on peut retrouver dans tout système de nature fractale.
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La courbe de Koch
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"La courbe de Koch", du nom du mathématicien suédois qui l'a inventée, rappelle
la structure d'un flocon de neige. Pour tracer cette courbe infinie, il suffit
de reproduire un grand nombre de fois le motif de départ, à savoir un triangle
équilatéral.
Cette courbe devient alors infiniment longue, "aussi longue qu'une droite
euclidienne qui s'étendrait jusqu'aux limites d'un univers sans borne"... Ce
résultat paradoxal, d'une longueur infinie contenue dans un espace fini,
perturba de nombreux mathématiciens.
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Le triangle de
Sierpinski |

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Le triangle de Sierpinski est obtenu en partant d'un triangle équilatéral. On
prend les milieux de chacun de ses côtés, on relie les points, et on enlève le
triangle équilatéral obtenu. On obtient alors 3 nouveaux triangles équilatéraux.
On peut ensuite réitérer l'opération à chaque triangle... On obtient alors 9,
27, 81,... autres triangles fait de nouveaux petits détails.
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l'éponge de
Menger
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Cette figure, sortie tout droit de l’imagination de Karl Menger, ressemble à une éponge dont la forme est celle d'un cube percé d’une multitude de pores
tous connectés les uns aux autres. Menger voulait ainsi prouver que l'on pouvait
obtenir une surface infinie dans un volume fini... |
Construction : Si l’on partage chacune des arêtes en 3 parties
égales, chaque face sera formée d’un damier de neuf carrés. Commençons par
vider celui du milieu. En ajoutant les parois de cette partie évidée, la
superficie de la structure est alors plus grande que celle du cube d’origine. De
ce fait, nous augmentons la surface sans en faire varier le volume.
Chacun des 8 carrés restants est désormais divisé en un minuscule damier de 9,
dont la figure centrale est à nouveau évidée... et ainsi de suite, jusqu’à
atteindre des portions microscopiques. A force de creuser dans le volume de
départ, la surface ne cesse d’augmenter, certes d’une quantité de plus en plus
petite, mais... sans aucune limite. Au final, on aura une dentelle
tridimensionnelle qui ne débordera pas du cube d’origine. |
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la nature
fractale de l'univers |
La récurrence d’un motif au sein d'un autre motif se retrouve dans
de nombreux phénomènes naturels. Elle peut être perçue dans les nuages,
les cristaux, les chaînes de montagnes, les côtes maritimes, les arbres...
On la discerne également dans la forme des galaxies ou encore dans celle des nuages
interstellaires... |
les côtes rocheuses |
Combien mesure la côte de la Bretagne ? -
Cette question posée au début des années 60 par le britannique L.F.Richardson
n'est pas aussi simple qu'elle y paraît. Les littoraux de la Bretagne sont en
effet très irréguliers, ils sont pleins de criques, de renfoncements, et de rivages
rocheux.
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Prenons
une image satellite de la Bretagne et mesurerons la longueur de sa côte. Pour ce
faire, nous utiliserons un compas d'une ouverture fixée, notée x. En comptant le
nombre d'ouvertures obtenu après avoir parcouru la côte, nous obtiendrons alors
une certaine longueur.
Maintenant, zoomons un peu plus vers ce littoral breton, où nous n'allons par
tarder à découvrir de nouvelles formes, de nouveaux renfoncements... |
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Si jamais on réitère l'expérience du compas, avec cette fois-ci une ouverture
plus petite, on remarquera que la longueur de la côte devient plus importante,
et qu'elle ne cesse d'augmenter... Comme si finalement, nous plongions
dans un puit sans fond aux formes répétitives et infinies...
L'estimation de cette mesure dépend donc de l'instrument utilisé, de la finesse de l'observation, et en définitive, de l'observateur
lui-même. Tout n'est qu'une question d'échelle. La mesure et le mesureur
participent activement du phénomène observé et le modifie...
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le règne végétal
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La nature cache en elle les plus belles représentations géométriques qui d'une
certaine manière se veulent aussi inspirées que variées. Pour les apercevoir, il
suffit simplement d'ouvrir les yeux, et de regarder autour de nous... Un certain
nombre de ces formes fractales se retrouvent en effet dans le règne végétal.
C’est le cas du chou-fleur, du chou romanesco, des fougères, des racines,
de la forme des feuilles, ou encore de leurs nervures...
Un arbre par exemple est considéré comme une figure fractale, dans le sens où
ses branches seront perçues comme de véritables arbres en miniature.
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Même si l’étude des formes fractales est assez récente, il semblerait que les
espèces végétales ont développé cette structure afin d'augmenter leur "surface"
d’échange avec le milieu extérieur. Cette nécessité ce serait alors dessinée,
manifestée dans le simple but de favoriser leur évolution.
En
se penchant sur le caractère fractal de la nature, les mathématiciens montrèrent
que l'on pouvait générer toute forme, aussi complexe soit-elle.
Pour ce faire, il suffisait d'utiliser un ensemble de fonctions simples, et
les réitérées un grand nombre de fois. Dès lors et selon ce principe, ils
pouvaient simuler la croissance de nombreux végétaux, et obtenir des images très
réalistes. |
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le corps humain |
Le corps humain regorge d'une multitude de structures
fractales. C’est le cas des voies respiratoires et de sa prodigieuse
ramification, de certaines parties
du coeur, de nos vaisseaux et son vaste
réseau sanguin... Toutes ces structures ont été élaborées lors du développement de l'embryon
qui a fait intervenir un caractère chaotique et déterministe à sa propre
évolution.
"Certains biologistes commencèrent à découvrir qu'une organisation
fractale contrôlait les structures à tous les niveaux du corps humain: Des
impulsions aux muscles cardiaques, tout cela se révéla fractal. Un
labyrinthe de bifurcations autosimilaires sur des échelles de plus en plus
petites." J. Gleick |
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visions
artistiques
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Quand les mathématiques riment avec beauté...
Découverts par les mathématiciens français Gaston Julia et Pierre Fatou,
ces ensembles d'objets mathématiques ne
tardèrent pas à donner naissance à une multitude de formes fractales qui
se voulaient aussi complexes qu'infinies...
La beauté insoupçonnée de l’ensemble de Mandelbrot, ou encore celle
découverte dans les ensembles de Julia (cf image ci-contre)
ont par la suite laissé place à une toute nouvelle forme d'art.
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A l'heure où l'ère numérique entre ouvre ses portes, on peut alors se demander
si l'art fractal ne tendra pas à se développer - permettant ainsi de
"créer" voire de "simuler", via une simple formule mathématique, des formes
abstraites, esthétiques, et quasi réelles de l'Univers... |
l'univers...
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«
Voir un
univers dans un grain de sable. Et un paradis dans une fleur sauvage,
Tenir l'infini dans la paume de la main, Et l'éternité dans une heure.»
William Blake
Selon le physicien David Bohm chaque région de l'espace-temps, si petite
soit-elle, contiendrait une information sur l'ordre impliqué dans des
dimensions beaucoup plus grandes. Aux vues de nos observations, l'Univers
semblerait en effet contenir toute une famille, une hiérarchie de formes
fractales, comme si ce grand tout unique avait la possibilité de se
déployer à l'infini... |
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Plonger dans le mystérieux objet de Hoag ou encore au creux de ces
galaxies nous révèlera par exemple une multitude de nouveaux
mondes. Toutes ces structures (tels les planètes, les étoiles, les
galaxies, les amas, les trous noirs...) sont également entraînées dans un mouvement
perpétuel et interactif. Cet immense ballet cosmique se compose alors de mouvements de révolution,
de rotation, d'éloignement, et d'approche.
Si l'Univers possède un comportement fractal, au sein de tous ces mondes
qui s'emboîtent les uns dans les autres, on peut imaginer que ce qui
est vrai pour l'Un, l'est aussi pour tous ses constituants (Galaxie,
Soleil, Terre, Lune...) Ce qui renforcerait l'idée que les lois régissant l'évolution de l'Univers,
et ce à toutes échelles, ne sont ni aléatoires
ou absurdes. Elles seraient au contraire le fruit d'un processus
d'organisation et d'interactions très précises, comme si finalement tout avait un sens, telle une
structure unifiante qui s'étendrait dans
l'infini...
(cf
:
Voyage vers l'infiniment petit...)
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